Muriel Berthelot

Le jardin des histoires

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les histoires. Elles ouvraient tout grand portes et fenêtres de mon imaginaire. Je découvrais un monde tellement plus grand, plus riche d’opportunités, d’émotions. Elles m’ont donné l’audace de m’affranchir des ambitions modestes de mon milieu social d’origine.

Issue d’une lignée de paysans et d’ouvriers, je fus une des premières de ma famille – et une privilégiée de mon quartier – à m’engager dans des études supérieures.

Je rêvais d’être archéologue puis ethnologue, j’ai suivis une formation de sociologue du travail et de la culture qui m’a menée tout droit… vers la gestion des entreprises culturelles : le monde du spectacle et les centres d’art.

D’aussi loin que je me souvienne, on ne racontait plus d’histoire aux enfants dans ma famille, dans mon quartier HLM. La télévision omniprésente, même lors des repas en famille, mobilisait la parole. J’ai grandi dans le bruit de la télé et m’échappait dans mes livres.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé raconter des histoires. Pour distraire ou apaiser des enfants, pour animer des fêtes de familles, des rencontres amicales et même clandestinement, dans mon métier très sérieux de consultante en entreprise… un conte bien choisi et au bon moment peut faire des miracles !

L'aventure de Tout Conte Fait

Conteuse autodidacte, j’ai donc tracé doucement mon chemin parallèlement à une vie professionnelle bien remplie. Les histoires étaient mon jardin secret.

En 2005, je me suis dit : pourquoi pas moi ? J’ai sauté le pas et fondé la compagnie Tout Conte Fait. Je me suis formée aux ateliers stéphanois de la rue Raisin avec Jean Porcherot, puis à la Maison du Conte de Chevilly Larue avec Michel Hindenoch, au CLIO (conservatoire contemporain de littérature orale) de Vendôme, avec Bruno de la Salle, Pepito Mateo, Alberto Garcia Sanchez, Fiona Mac Leod, Jean Jacques Fdida, Emmanuelle Parrenin, Larent Devime et Cécile Elouet et à l’Atelier à histoires de Montbéliard avec Annel Leviel.

Passionnée d’ethnologie, c’est dans le cadre de mes recherches sur l’univers nord amérindien que je me suis initiée à la spiritualité Sioux Lakota, avec des compagnons de route des natifs, puis directement avec des Medecine men.

Cette expérience a renforcé, non seulement mon investissement dans le soutien aux peuples luttant pour sauvegarder leur culture, mais aussi ma conviction d’une nécessité à nourrir l’imaginaire pour sauvegarder son identité, ainsi qu’une qualité de lien et de dialogue avec l’Autre.

J’aime dire que je suis gardienne du Grand Rêve, non pas pour enfermer, m’approprier, mais comme quelqu’un qui prend soin d’un trésor à partager.

 

« Prendre parole publique, c’est prétendre qu’elle vaut mieux que le silence. Mobiliser l’attention et l’écoute des autres, c’est s’engager à ne pas perdre le temps qu’ils nous accordent. La liberté de parole et le pouvoir d’en user sont des privilèges que tous n’ont pas ; il appartient à ceux qui ont l’ambition de les détenir de s’en porter garants, d’en assumer la responsabilité et le respect, l’héritage et le maintien. »

Christian Marie Pons - L'art du conte en 10 leçons

Mon terrain de jeu

Je m’intéresse également aux disciplines me permettant de travailler l’incarnation d’une littérature orale de qualité (arts martiaux, chant, théâtre, danse contemporaine, Bûto, clown…) en tout lieux et devant tout public.

©Photographies – David Berthelot